Portrait d'un portraitiste

Danielle Brassaud

 

1916, Mirecourt, rencontre de deux exilés : Julien Viaud, 66 ans, officier de liaison affecté à l'Etat-Major du Général Franchet d'Esperey et   Jean Scherbeck, 18 ans, lycéen. En résulte un portrait au crayon de Pierre Loti, en tenue militaire, les cheveux grisonnants, les tempes dégarnies, le visage émacié, les traits marqués par les épreuves et la fatigue et le regard lointain, pensif. Un visage livré sans artifice, sans affectation, un portrait très différent de ceux que nous connaissons.

 

Que penser de la ressemblance de ce portrait avec le modèle ? Le Professeur Henri Claude note à propos des dessins d’enfance de Jean  Scherbeck :

²Dès les premiers dessins cette observation scrupuleuse, cette rigueur , cette volonté d’aller au cœur du personnage seront la marque du portraitiste ² ² sans cesse repris et recommencés, ces portraits sont affinés jusqu’à satisfaire complètement le jeune portraitiste, déjà  fort exigeant sur la ressemblance physique voire psychologique² puis à propos de ses dessins d’adolescence  il précise : ²Ils expliquent en effet chez J. Scherbeck la formation du puissant sentiment patriotique qui ne cessant toute sa vie de le guider, constitue un des caractères majeurs de sa personnalité… ces dessins tournent autour du thème du soldat, de la guerre et de la défense du sol natal. Ce sentiment…. est le reflet des préoccupations des Français, des Lorrains en particulier, tout au long des décennies qui séparent la défaite de 1870 de la guerre de 1914 -1918² .

 

 

Des circonstances et de la rencontre en elle-même nous ne savons que peu de choses. Le jeune homme qui se procurait un peu d’argent en faisant des portraits  a-t-il osé, avec l’audace de la jeunesse, aller frapper à la porte de son illustre voisin ?  autre hypothèse : se sont-ils rencontrés chez des amis communs ou alors, Julien Viaud, entendant parler de ce jeune artiste, a-t-il souhaité faire sa connaissance et commandé ce portrait. Portrait offert, portrait rémunéré, on ne le  sait.

 

Jean-Pierre Puton, petit-fils de Jean Scherbeck, évoque l’importance de cette rencontre avec Pierre Loti qui fut la première personnalité qui ait marqué l’existence de son grand-père. Le contact dut être chaleureux et le talent reconnu  car P. Loti appose au bas du portrait sa signature précédée de la mention : ²Vu et approuvé par le modèle ² et en retour lui dédicace une de ses photos  ²Pour Monsieur Jean Scherbeck, en souvenir d’un exilé à Mirecourt².  Une correspondance s’en suivra. 

 

Tout cela peut sembler étonnant de prime abord,  on dit souvent Loti, froid,  distant  et ses propos  sur Mirecourt sont assez désobligeants : ²Petite ville, petites gens , petit esprit ².  Comment en ces temps troublés a-t-il  bien pu poser pour ce jeune artiste ?

En fait, tous deux, en plus de leurs aptitudes et de leur goût et de leur don pour le dessin, ont de nombreux points communs et des affinités certaines. Il n’est pas surréaliste de penser que le contact entre eux ait été immédiat, les sujets de conversation ne manquant pas  et que  les similitudes du vécu  de leur enfance et adolescence, l’attachement qui les liaient  à leur mère, à leur famille, à leur terre ainsi que leur patriotisme et leur sens du devoir ne les aient rapprochés.

On peut aisément imaginer,  Jean Scherbeck  racontant des anecdotes de  sa vie de famille ou de lycéen et  faisant ressurgir à la mémoire de son modèle des souvenirs personnels, qui  lui étaient très chers. Cela expliquerait la lueur de bienveillance et d’amusement qui transparaît également dans ce regard d’ homme qui semble être plongé dans son passé  mais qui, peut-être, aussi, à la vue de ce jeune homme, pense à ses trois fils qui ont sensiblement le même âge. En effet Samuel pour lequel il se fait beaucoup de souci car il est également sur le Front, est né en 1889,  Raymond en 1895 et Edmond en 1897. 

 

Julien Viaud  dont le père à sa naissance  est âgé de 46 ans et la mère de 40  est le troisième enfant du couple, sa sœur est alors âgée de 19 ans et son frère Gustave de 14 ans. Il dira : ² Au début de l’existence, mon histoire serait simplement celle d’un enfant très choyé². Les premières scènes de la vie de famille provinciale subjuguent par leur cohérence, leur tranquillité, leur douceur ouatée……L’affection se partage comme le pain.  Mercerot  écrira dans le numéro1 de janvier 1920 de ² La Connaissance ² : ²  Tout cela sent  la bergamote ² . C’est très drôle, faut-il rappeler la renommée des «bergamotes de Nancy² ?

 

Jean Scherbeck entre son père et sa mère

 

Enfant espéré pendant les 16 premières années de mariage de ses parents, Jean  est comme lui, né dans une famille heureuse et très unie . Son père, Joseph Emile Scherbeck, négociant en vins est alors âgé de 39 ans et sa mère,  Jeanne-Marie de 37 ans. Il est un fils unique,  aimé de ses parents  et  ² très choyé par une mère constamment attentive le conservant dans ses jupes ².  Rappelons-nous par ailleurs les propos de Nadine Viaud qui, lors du départ de Gustave, disait au jeune Julien : ² Dieu merci, toi au moins, nous te garderons ².

Le quartier Stanislas, le pont de la gare

 

La famille Scherbeck habite à Nancy, rue du Faubourg Stanislas, tout près de la gare. Dans le cercle familial qui entoure l’enfant, il y a le grand-père, Laurent Scherbeck, pâtissier-confiseur à Nancy dont le magasin recèle des trésors de gourmandises : confitures, miel, chocolat…..ont-ils parlé gâteaux ? Loti lui a-t-il raconté, comment enfant, avec quelle impatience il attendait  la vieille  marchande qui passait le dimanche soir dans sa rue en criant : ² mes gâteaux, mes bons gâteaux tout chauds² . A-t-il aussi évoqué les délicieux après-midi passés avec sa mère chérie et ² les chères vieilles ² dans le jardin, auprès du petit bassin de Gustave ? Jean Scherbeck,  lui aussi,  profitait  du jardin familial situé dans ce faubourg, entre ville et campagne, en compagnie de sa grand-mère, une vieille dame placide, assise sous une tonnelle ou à l’ombre des arbres fruitiers.

 

Julien Viaud fut très jeune, dès l’âge de 10 ans  initié à la photographie par sa Tante Corinne, une spécialiste des positifs directs sur verre  et au dessin par sa sœur Marie qui avait été l’élève du peintre Léon Cogniet. Dans la famille Scherbeck, on est également artiste, le grand-père et le père, ami d’Emile Friant dessinent volontiers et fort bien et c’est dans cette douce quiétude familiale que l’enfant commence lui aussi à s’exercer en portraiturant les siens, son père tout d’abord ²J’ai profité d’une sieste....il était parfaitement immobile…. il s’est reconnu : j’ai continué ! …. ²

 

 

Soldats, dessins à la plume, sur cahier d’écolier 1908

 

Plus tard, il dessinera les soldats qu’il voit quotidiennement passer devant sa maison ( Loti, lui voyait et entendait passer les marins ) alors qu’ils vont à la manœuvre, des ²cuirassiers aux casques empanachés, des artilleurs au repos tirant sur leurs bouffardes, de vaillants fantassins, la poitrine offerte, marchant au pas ou présentant les armes². La vie de Nancy, ville de garnison, est alors rythmée par le passage des troupes, les défilés, les concerts donnés dans les kiosques.

Par ailleurs, il s’exerce à la caricature en représentant ² de bedonnants soldats allemands coiffés de casques à pointes confrontés à de rigides officiers, monocles à l’œil et cravache à la main ² . Quelques années plus tard, il prendra pour cible ses professeurs.

 

Julien Viaud a fait de même et, de plus,  il les a affublés de surnoms peu flatteurs : Bœuf-Apis, Grand-Singe-Noir et Caïman-Vert !

 

Elève au Lycée national de Nancy, Jean excelle tout au long de sa scolarité, au contraire de Julien qui fut un élève médiocre, pour qui le collège est un lieu de souffrance dont il disait :  ² ma première impression fut toute d’étonnement et de dégoûtJe sentais mon intelligence se rétrécir sous la multiplicité des devoirs et des pensums².

 

 

Elève en classe de philosophie, 1914-1915

 

En classe de 3ème, Jean Scherbeck reçoit entre autres, ²le premier prix de dessin d’imitation² . Lors du concours d’admission à l’Ecole Navale, Julien Viaud obtiendra la note de 14 / 20 à l’épreuve de dessin pour un portrait à la mine de plomb, d’après un modèle à l’antique. Note justifiée par la qualité du trait et le rendu des formes.

 

En 1914, alors qu’il est en classe de philosophie, l’existence de Jean Scherbeck bascule et l’adolescent insouciant et choyé se trouve  confronté très tôt et de façon dramatique à son destin d’adulte et à la guerre. Il n’en néglige pas pour autant ses études et obtient à 17 ans, doublé du prix au tableau d’honneur le diplôme de bachelier avec mention latin, langues vivantes et philosophie. Il n’est plus envisageable pour lui de se préparer au métier de dessinateur dans les ² Chemins de Fer² auquel ses parents le destinaient. Julien Viaud également à la suite des drames qui ont bouleversé son adolescence, ne se présentera pas au concours de  ²l’Ecole Polytechnique² comme son père le souhaitait, afin de devenir ingénieur mais préparera le concours de ² L’Ecole Navale² .

 

Jean Scherbeck qui n’a vécu jusqu’à présent qu’une existence  préservée d’enfant couvé par sa mère dans un environnement privilégié, va découvrir et vivre la guerre dans toute son horreur.

Nancy, étant située aux avant-postes, il voit de chez lui,  arriver des trains emplis de réservistes, chargés de matériel militaire et de ravitaillement, d’autre part il assistera plus tard, à la ruée  vers la gare des nancéiens qui veulent fuir leur ville bombardée et incendiée. Dans ce quartier stratégique, il entend le récit des combats meurtriers, des massacres, des tueries, il voit ses camarades plus âgés partir pour le front et pour certains, pour y mourir. Avec un courage et un sang-froid exceptionnels, alors que rien jusqu’à présent ne l’y avait préparé, il fera face aux événements.  Avec lucidité et minutie, il observe, note dans un carnet au jour le jour,  le déroulement du conflit sur le front et les événements dans sa ville et dans son quartier, ( Julien Viaud, lui, a commencé dès l’enfance son journal intime ) dessine les soldats, les blessés et  en parallèle ² reçoit un enseignement fort bref mais fécond de Victor Prouvé ².

 

Etre le témoin  et plus tard la mémoire ne lui suffisent pas, il veut  agir. Il aide courageusement un oncle brancardier à ramener des blessés de Courbesseaux et de Crévic vers les hôpitaux nancéiens.  

² Ainsi plongé dans l’horreur, dira-t-il, j’aurais pu perdre la foi en la vie.  Au contraire, je m’y suis cramponné² .

 

 

 Maison Scherbeck, rue Derise à Mirecourt 

                                         

Le 2 janvier 1916 la gare de Nancy toute proche est bombardée. La famille décide de se réfugier à Mirecourt où elle a quelques attaches. Ce sont dans ces tragiques circonstances qu’a  eu lieu la rencontre.

 

Par la suite, après la guerre, leurs existences, en décalé, emprunteront des chemins communs, parmi lesquels je ne retiendrai que la Bretagne, le Pays Basque et la Savoie et ils seront amenés à rencontrer,  à quelques dizaines d’années d’intervalle, de très nombreuses relations ou des amis communs.

 

Jean Scherbeck sera mobilisé le 17 avril 1917 .

² Je m’y étais préparé moralement et physiquement dira-t-il lors d’une interview, je voulais partir rejoindre mes camarades² . Pierre Loti,  avait lui-aussi  voulu, bien qu’à la retraite, accomplir son devoir de Français et  dès la déclaration de guerre demandé à être réintégré dans l’armée. Rappelé à l'activité par le Ministère de la Marine, il sera affecté le 1er janvier 1915 à l'Etat-Major du Général Galliéniarine et après avoir été mis à la disposition de l'Etat-Major du Groupe des Armées du Centre, rejoindra fin mai 1916 le Groupe des Armées de l’Est sous les ordres du Général Franchet d’Espérey.

 

 

                                    L'homme de la victoire, 1919                                       

 

Incorporé au Bataillon d’Instruction du 167ème Régiment d’Infanterie, posté à Pagney-derrière-Barine près d’Ecrouves ( Toul),  Jean Scherbeck sera affecté comme agent de liaison télémétreur à la compagnie de mitrailleuses du 261ème Régiment d’Infanterie qui avait pris la garde près de Pont-à-Mousson. Il sera promu au grade de caporal le 8 juillet 1918. Deux citations souligneront  ²l’intelligence et le courage magnifique ² de ce jeune caporal ² qui malgré son jeune âge a pris le commandement d’une section, s’est révélé un chef  énergique et audacieux et qui a su obtenir de ses hommes des résultats merveilleux ²

 

Julien Viaud recevra également une citation qui lui sera remise publiquement à Rochefort, le 14 juillet 1918.

 ² Bien que dispensé par son âge de toute obligation militaire, a repris du service dès le début de la guerre, donnant ainsi un bel exemple de dévouement et de patriotisme.

A rempli sous le feu de l’ennemi, notamment à la «Tête de Béhouville« ( à l’est de Saint-Dié ), en Forêt d’Apremont et au Fort de Manonviller plusieurs missions dont il s’est acquitté à l’entière satisfaction de ses chefs².

 

Jean Scherbeck  quittera  le front le 17 octobre 1918 et le 2 mars 1920 sera affecté au 55ème RI à Aix en Provence. C’est là que se jouera son avenir professionnel . ²Je mangeais avec les officiers du cercle militaire… j’avais ma chambre en ville… mes 219F50 de solde ne me suffisaient  pas  à boucher le trou de mes folles dépenses, 350F ²  . Pour faire face, il crayonne les portraits de ceux qui l’entourent et fait un stage chez un portraitiste du Cours Mirabeau pour exécuter des photos crayons. Ainsi Jean Scherbeck devient  photographe. Julien Viaud, à bord de La Flore, en partance pour l’île de Pâques avait, lui aussi, vendu ses dessins mais pour bien d’autres raisons, il ne s'agissait pas pour lui de folles dépenses.

 

Jean Scherbeck ouvre son studio dans la maison familiale en 1922. Il sera tout d’abord le photographe des familles lorraines désireuses de faire fixer sur le papier les cérémonies religieuses et familiales. La reconnaissance de ses clients est immédiate et sa réputation d’excellent photographe s’étend rapidement hors de l’agglomération. En effet, en 1923, Maurice Barrès, alors âgé de 61 ans, lui demande de venir le photographier dans sa maison de Charmes. Ce portrait sera certainement le dernier réalisé de l’écrivain, qui mourra peu de temps après cette rencontre. Jean Scherbeck en dira des années plus tard  :

²Un homme à la fois effrayant et captivant…On a marché  bras- dessus, bras-dessous une heure entière.  Je n’arrivais pas à dire un  mot, tellement j’étais intimidé. Lui me parlait de la Lorraine, du terroir, des paysans, de tout ce monde que j’aime tant…².  (  Extrait d’une interview accordée à Françoise Cordelier en octobre 1981).

 

Le sujet, ² Loti ², a-t-il été évoqué lors de cette brève promenadeBarrès s’était révélé beaucoup moins amène à son égard lors de son élection  à l’Académie Française,  il avait écrit entre autres propos virulents dans le Figaro :

 ² Loti fut l’homme que l’on loue systématiquement pour désobliger un rival plus immédiat. Comme il ne gênait aucun intérêt parisien chacun a poussé au succès ² .

 

 

Mâmiche, Gens de Lorraine

 

En 1926, Scherbeck fait la connaissance de Lyautey, ² qui reconnaît en lui l’amour que lui-même porte à la Lorraine et à ses gens,  n’hésitera pas à lui  manifester sa réelle estime², et l’invitera fréquemment à Thorey notamment lorsqu’il recevra des personnalités. Jean Scherbeck fixera alors des instants rares tels que la visite du Mohammed V et de son jeune fils Hassan.  Là, également un lien commun : le Maroc, Loti….

 

 

 

Autre rencontre, autre lien,  Scherbeck sera très apprécié d’ un proche de Loti, Claude Farrère, qui ne saura quel superlatif employer pour louer son talent et dont il deviendra le photographe attitré. Il  réalisera à Neuilly un pastel que l’écrivain dédicacera :

" Pour Jean Scherbeck, avec mon admiration vraiment sincère.

Claude Farrère .  1936 " .

 

Il semble évident que Loti a  dû être le sujet de nombreuses conversations notamment lors de la parution de  ² Cent dessins de Pierre Loti, commentés par Claude Farrère de l’Académie Française² en 1948.

 

Viendront encore, toujours décalés dans le temps, d’autres rencontres, d’autres séjours dans des lieux qui seront très chers à l’un comme à l’autre.

 

 Loti, très attaché pour de nombreuses  raisons, à la Bretagne, y a de profondes attaches professionnelles, amicales et personnelles. Ses dessins de marins, de paysages bretons sont  remarquables. En 1886 paraît  ²Pêcheur d’Islande² . Charles le Goffic, encore jeune écrivain, se lancera pour Le Monde illustré dans une étude aussi déplaisante que mal informée, les ragots tenant lieu de critique littéraire, …Ce qui contraindra Loti, ulcéré, à répondre par une lettre de protestation ² pour l’honneur de (son) pauvre petit livre² .

 

 

Vieux marin breton à casquette

 

 Jean Scherbeck est lui aussi très tôt attiré par la Bretagne qu’il qualifiera selon Jean Pierre Puton ² de deuxième patrie²  et pendant un demi-siècle y fera de nombreux séjours,  à Port-Blanc notamment. Compte pour lui la Bretagne maritime , finistérienne, il dessinera les marins, les bretonnes, ébauchera des paysages. De nombreux portraits seront tirés en cartes postales. En 1929, il illustrera l’ouvrage ² Gens de Bretagne²  de ce même Charles Le Goffic qui dira ²   sa joie, sa fierté d’avoir accepté de présenter cet album à ses compatriotes, ayant conscience dit-il,  que cette œuvre de l’artiste lorrain honore grandement leur pays, qu’elle est un des plus délicats et des plus puissants hommages qu’on lui ait rendu. Puisse l’écrivain n’avoir pas été trop inférieur à l’artiste ².

 

Autre rencontre : Guy Ropartz  qui, en 1886, a composé la musique de l’adaptation de ² Pêcheur d’Islande²  à la scène, sera, de 1894 à 1914, le directeur du Conservatoire de Nancy et dira tout comme ² Gyp²  dont Loti a fréquenté le salon à Paris, son admiration, lors de la parution, pour les illustrations de ² Gens de Bretagne²

 

Par la suite, Charles Le Goffic  annoncera  que Scherbeck  associera ses dessins à la plume incomparable  de Francis Jammes. Celui-ci dans sa jeunesse avait contacté Pierre Loti, il souhaitait qu’ il intervienne auprès d’une ²  revue orthodoxe et payante² pour y faire publier une étude consacrée à Aziyadé. Loti n’en avait  rien fait. Il lui  avait alors adressé  ²ce qu’il faut bien appeler une lettre d’ engueulade :

 

Orthez, le   6 avril 1897

Cher  Monsieur,

Soyez bien certain que j’ai l’âme trop haute et que mon admiration pour vous est trop grande pour que je vous en veuille de votre appréciation : elle a le droit d’être émise et j’ai le droit de ne pas la comprendre… je redirai comme je le redis aujourd’hui : Loti est un grand génie².

 

Quelque temps après,  le Baron Frédéric –Arthur Chassériau présentera son ami rochefortais au poète d’Orthez.

 

 Scherbeck également rencontrera à Hasparren cet homme ² magnifique  bon et sage, les yeux pétillants d’intelligence derrière ses lunettes²En  résultera un portrait ²  du cygne d’Orthez²  le projet annoncé par Le Goffic, par contre, n’aboutira pas, à la suite de contre temps à l’approche de la guerre et de la mort de Francis Jammes en 1938.

 

Autre projet avorté,  à cause de la guerre de 1939-1945, celui d’un ouvrage sur les ²Gens de Savoie² (Cette  Savoie, quel grand mystère dans la vie de Julien Viaud !),  ouvrage qui devait être réalisé avec Henri  Bordeaux, originaire de Thonon-les Bains, que  Jean Scherbeck rencontrait lors de ses séjours à Yvoire et avec lequel il entretenait une correspondance. Ce même Henri Bordeaux qui apprenant  en mars 1916 que Pétain s’opposait à ce que Loti, qui en avait obtenu l’autorisation de Galliéni, se rende à Verdun sous prétexte  ²  qu’il n’a pas besoin de marins pour défendre Verdun ²    avait alors pris sa défense ²   Vous avez refusé d’admettre dans votre état-major le capitaine de frégate, Julien Viaud, mais vous ne pourrez jamais expulser de la littérature Pierre Loti²  .

 

Jean Scherbeck a rencontré à Mirecourt l’officier Julien Viaud et a dessiné au crayon  le portrait de Pierre Loti. De toutes les multiples facettes de cet homme laquelle ou lesquelles a-t-il fixées ?

 

 

 

***

 

Maurice Barrès 1862 - 1923

Henri Bordeaux 1870 – 1963

Claude Farrère 1876 - 1957

Charles Le Goffic

Gyp, née Sybille de Riqueti de Mirabeau 1849 - 1932

Francis Jammes 1868 - 1938

Hubert Lyautey  1854 - 1934

Guy Ropartz  1864 – 1955

Jean Scherbeck  le 2 juin 1898 – 9 décembre 1989

Julien Viaud   14 janvier 1850 – 10 juin 1923

 

Pour tous les textes en italique :

- Extrait de : source 1

Pour les textes soulignés :

- Extrait de : source 2

 

Sources :

1 - ²   Jean Scherbeck, La mémoire des gens²  

            

  Henri Claude professeur à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts et à l’Ecole d’Architecture de Nancy II et ancien Président de L’académie  de Stanislas,

  Jean Lahner professeur à l’Université de Nancy II, directeur de l’Atlas linguistique et ethnographique de la Lorraine romane et  membre de L’ académie de Stanislas

  Avec la collaboration de Jean-Pierre Puton, petit-fils de Jean Scherbeck, président de la Biennale de l’Image

  Ed.  Presses Universitaires de Nancy

 

2 - Pierre Loti, le pèlerin de la Planète.

 Alain Quella-Villéger  Docteur ès Lettres et agrégé d’Histoire

  Ed. Aubéron

 

A lire également :

 

Pierre Loti, Soldats bleus

Journal intime 1914-1918

Edition établie, présentée et annotée  par Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier

La Table Ronde

 

 

 Dessins,  pastel et  photographies  extraits de :

 ²   Jean Scherbeck, la mémoire des gens ² 

 

Le portrait de Pierre Loti, réalisé par Jean Scherbeck appartient au fonds du

Conservatoire Régional de l’Image de Nancy-Lorraine    

                

Photo ( 6 ) Collection particulière